mardi 30 décembre 2008

Du jeu de l'amour et de la place du hasard


Trève post-prandiale : si j’osais, je tomberais le masque …
Mais non, les dés sont jetés, puisqu’il s’agit de hasard, restons dans l’hypothétique.

Voilà. Point de départ, Marivaux nous propose des personnages qui échangent leurs rôles. La servante qui se fait passer pour sa maîtresse tombe amoureuse du soi-disant gentilhomme qui est en fait son valet. Les valets et servantes, respectivement maître et maîtresse de ceux-ci, tombent également sous le charme l’un de l’autre. Nous sommes en 1730, le quiproquo se résout dans la joie et l’ordre social est préservé. Bon, d’accord, c’est un peu synthétique, mais on retrouve quand même la trame !

2008, voire 2009, quid de nos jeunes héros ?
Silvia (la maîtresse) est une jeune femme qui travaille et a une vie sociale active. Son père, comme beaucoup de pères ayant connu mai 68 ne veut pas imposer de joug à sa fille et donc par conséquent, ne lui imposera pas de mari. Il ne l’influencera même pas, c’est pour dire … Cela étant, s’il pouvait (le prétendant) subvenir aux besoins de sa chère et tendre … La mère de Silvia, est, quant à elle, ultra-présente, mais sur le mode « moderne, ouverte d’esprit ».
Dorante (le gentilhomme) est désespéré par son prénom et pense que ses parents lui en voulaient dès avant sa naissance. Il galère pour trouver du boulot malgré son bac +12. Il ne sait donc pas vraiment où se situer socialement. Il cherche une gentille femme pour s’occuper de lui et lui offrir une descendance. Le peu de place qu’ont eu les pères de la génération précédente l’effraie un peu. Il aimerait être un mari et un père attentif et présent.

Vont-ils échanger leurs places avec leurs meilleurs amis pour éprouver l’autre ? Cela paraît peu probable. D’autant plus qu’une « période d’essai » (c’est formulé de façon anti-romantique, désolée, mais c’est les fêtes, ça me déshumanise …) est acceptable, sinon souhaitable, dans ce siècle.
D’éventuels quiproquos peuvent-ils avoir lieu ? En d’autres termes, avons-nous tellement progressé dans la communication qu’il semble improbable de rester englué dans une incompréhension mutuelle, induite par nous-même ou par des tiers ? Le quiproquo et le dénouement heureux ne sont-ils pas antinomiques ?
Quelle influence les ascendants de nos deux héros ont-ils sur la construction de leur relation ? Les motifs de l’influence sont peut-être différents, leur influence s’en trouve-t-elle diminuée ou au contraire, accrue ?
Le dénouement respectera-t-il la morale ? Le « happy end » est-il une question d’époque ? Le « happy end » de la rencontre est-il en même temps le « very happy beginning » de la véritable histoire ?

L’honneur est sauf et le masque toujours bien accroché ! Quel bonheur la fiction (du moins en ce qui concerne les personnages, je serais moins catégorique sur les questions posées) …

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